Interview n°3: Gaël Brulé, Directeur scientifique

Gaël Brulé a rejoint la Fabrique Spinoza, dès l’origine de l’aventure. Il a très vite joué un rôle majeur au sein de notre think tank en tant que Directeur Scientifique. Les recherches qu’il mène actuellement en sociologie du bien-être permettent à la Fabrique Spinoza de bénéficier de son expertise scientifique sur les réflexions et publications qui en émanent.
Comment as-tu connu la Fabrique Spinoza ? Qu’est-ce qui t’a motivé dans le fait de rejoindre ce projet du bonheur citoyen ?
C’était début 2011. J’avais lu quelques mois auparavant des sondages mettant d’une part, la France en tête des pays ou il faisait le mieux vivre pour la cinquième année d’affilée et d’autre part, montrant que les Français étaient parmi les moins satisfaits des pays développés. Je venais de commencer un doctorat en sociologie du bien-être à l’Université Erasmus de Rotterdam et j’étais déterminé à résoudre ce mystère. Mon professeur Ruut Veenhoven m’a alors précisé qu’Alexandre Jost était sur le point de créer un think tank du bien-être citoyen ; Alexandre et lui s’étaient connus lors des diners du bonheur, « l’ancêtre spirituel » de la Fabrique Spinoza. J’ai alors regardé sur internet sur ce qu’était un think tank et j’ai pensé, à l’époque, que créer un think tank du bien-être citoyen demandait beaucoup de courage ! Dès ma première rencontre avec Alexandre, son projet m’a plu et j’ai décidé de me joindre à l’aventure. Vue des Pays-Bas, la recherche sur le bonheur en France était quasi inexistante et je voulais faire bouger les lignes, tant au niveau académique, institutionnel, que citoyen. La Fabrique Spinoza était le moyen de faire cela.
Quel rôle joues-tu en tant que Directeur Scientifique de la Fabrique Spinoza ?
En tant que Directeur Scientifique, je fais partie du bureau de la Fabrique Spinoza, dans ce cadre je participe aux réunions qui ont trait aux décisions stratégiques. Mon rôle consiste également à favoriser notre visibilité dans le monde scientifique. Je représente la Fabrique Spinoza dans les colloques et forums liés au bien-être citoyen ou à la psychologie positive, aux niveaux national et international. Je porte notre action auprès des chercheurs de notre écosystème. Ainsi, Philippe d’Iribarne et Gilles Lipovetsky ont-ils récemment rejoint le groupe des « sages » de la Fabrique Spinoza, dont fait également partie Ruut Veenhoven. De même, début 2013, nous avons organisé un diner regroupant des scientifiques qui travaillent sur le sujet du bonheur. A cette occasion, certains d’entre eux ont insisté sur la prévalence de l’éducation comme facteur déterminant au bonheur citoyen. Forts de ce constat, nous avons créé un groupe de travail sur l’éducation que je pilote depuis. Notre mission consiste à étudier les incidences de l’éducation sur le bonheur citoyen et à analyser les expériences d’éducation positive. Ce sont souvent des initiatives menées par des écoles alternatives.
Le groupe de réflexion sur bien-être et éducation vient de publier un rapport d’étape sur le bien-être dans l’éducation à travers l’expérience du flow. Peux-tu nous préciser les résultats de vos recherches et les prochaines étapes que vous envisagez ?
En effet, il y a quelques semaines, nous avons publié sur le site de la Fabrique Spinoza, un rapport d’étape intitulé « Bien-être et éducation : comment mettre le système éducatif au service de l’épanouissement des élèves ? ». L’éducation étant l’un des grands piliers sur lesquels repose toute société, nous nous devions de réfléchir à la question, même si le champ est extrêmement vaste. Nous avons choisi d’aborder cette problématique sous l’angle du flow. Ce concept a été développé par Mihaly Cziksentmihalyi, un psychologue hongrois spécialisé en psychologie positive, qui définit le flow comme un état d’immersion très poussée dans une activité et généralement associé à une sensation de bien-être, qui donne à la personne qui l’a ressentie une envie de la renouveler. Partant de cette approche, nous avons envisagé sept préconisations : apprendre par l’activité, développer l’apprentissage collaboratif, utiliser des jeux éducatifs, donner davantage de liberté aux élèves et enseignants, diversifier les méthodes d’évaluation, soutenir davantage les enseignants sur la pédagogie et améliorer l’environnement d’apprentissage.
Suite à ce premier rapport, qui constitue un rapport d’étape, le but de notre groupe de travail est, désormais, de creuser certaines de nos préconisations pour en faire des livrables concrets. Nous menons une réflexion en particulier sur l’aide à la pédagogie aux enseignants et sur l’architecture scolaire. Ce dernier sujet me tient tout particulièrement à cœur, puisque je suis moi-même cogérant d’une agence d’architecture et d’urbanisme !