Le Bonheur améliore la qualité de la Démocratie

« Life Satisfaction and Political Participation – evidence from the United States. », Flavin 2010
Les citoyens les plus heureux d’une nation sont aussi les plus actifs dans la démocratie.
La littérature sur la participation politique est abondante mais examine peu son lien avec le bien-être citoyen. Si des études suggèrent une corrélation (Veenhoven 1988), la direction de la causalité est mal établie. Flavin interroge spécifiquement dans sa recherche si la satisfaction de vie des citoyens peut améliorer leur participation politique. Il explore l’ensemble des facteurs encourageant les citoyens à exercer leurs prérogatives civiques et donc à améliorer l’efficacité résultante de la démocratie.
Les cadres théoriques existants offrent 2 points de vue opposés. Pour certains, les citoyens se retireraient de la vie politique, une fois atteints leurs objectifs individuels : c’est la théorie de « l’oisiveté contente ». Pour d’autres, la satisfaction de vie permettrait d’élargir les préoccupations des citoyens au delà de leur situation individuelle.
Dans son étude, Flavin mesure la participation politique via les 6 critères suivants : a voté ; a participé à une campagne politique ; a contribué à un candidat politique ; a assisté à un meeting pour un candidat ; a affiché un signe distinctif pour un candidat politique ; a contacté un élu dans l’année qui a précédé.
Afin de vérifier une relation de causalité entre la satisfaction de vie et la participation politique, Flavin contrôle les paramètres qui pourraient influencer directement sur cette dernière : caractéristiques sociodémographiques de l’individu (éducation, revenu, âge, genre, ethnie, statut matrimonial), contexte politique (enjeu de l’élection, proximité aux élections présidentielles précédentes), efficacité politique (degré de liberté politique, corruption, niveau de démocratie), le caractère partisan, le niveau de connectivité sociale. Ce dernier facteur doit être contrôlé car il est potentiellement lié à la fois au bien-être du citoyen et à son niveau de participation politique.
Conduisant cette étude statistique, Flavin démontre que plus les citoyens sont satisfaits de leur existence, plus ils ont de chance de voter, même en contrôlant les facteurs ci-dessus. Cette relation est forte puisque la satisfaction de vie semble avoir un impact comparable en importance à celle des facteurs traditionnellement examinés comme l’éducation ou l’efficacité politique.
Affinant ces résultats, Flavin suggère que le degré de participation politique dépend cependant de son degré de conflit. Si l’effet est fort pour les mouvements politiques ne nécessitant pas de s’engager dans un conflit, il n’établit en revanche pas de corrélation à mesure que ce caractère conflictuel augmente (manifestation, protestations, etc.). Formulé de manière différente, les citoyens les plus mécontents de leur existence ne sont pas ceux qui protestent le plus (et votent moins).
Pour Flavin, les mécanismes explicatifs de cette corrélation doivent être analysés plus avant.
Réflexions de la Fabrique Spinoza
On constate un alignement possible fort entre politiques traditionnelles et politiques du bonheur puisque participation politique et satisfaction de vie des citoyens sont liées.
Poursuivre le bien-être des citoyens est donc un moyen d’améliorer le fonctionnement démocratique d’une nation.
Viser le bien-être des individus est d’autant plus important que les citoyens les plus mécontents participent moins au processus démocratique alors que leur voix devrait justement être entendue.